Quelle est la meilleure police pour les dyslexiques ?
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La question de la police de caractères à utiliser pour les dyslexiques est à l’origine de nombreux débats. Ce sujet a déjà fait l’objet de plusieurs études scientifiques. Cependant, la police adéquate n’est pas si facile à identifier et dépend d’une multitude de facteurs pas toujours quantifiable. Voyons ensemble, les pistes qui permettront à chaque Dys de s’interroger sur la ou les polices qui lui conviennent le mieux.
Les polices traditionnellement recommandées pour les dyslexiques
Il est communément admis que les polices dites sans empattement ou sans sérif simplifient l’étape de lecture et traitement de l’information. Les polices d’écriture qui se rapprochent des caractères « bâton » seraient donc plus simple à déchiffrer.
Parmi ces polices formelles et sans fioriture, il y a notamment : Arial, Avenir, Helvetica, Lucida, Tahoma, Verdana, …
Ces polices sont régulièrement utilisées par les dys et fonctionnent dans de nombreux cas. En tant que Dys, c’est la police verdana que je trouve la plus facile à déchiffrer.
Une étude de Rello & Baeza-Yates (2013) met en évidence qu’il n’y a pas eu de différence dans le temps de lecture des individus dyslexiques comparé à celui de normo-lecteurs dans l’utilisation de polices avec ou sans empâtement. Pour ces chercheurs, il faudrait que la police sans sérif soit associée à une police avec espacement fixe romaine (non italique). Ce n’est que dans ce cas que les performances en lecture des participants augmentent considérablement.
Certaines causes de la dyslexie sont considérées à travers un dysfonctionnement du codage orthographique. Ce dernier comporte : l’association lettres/mots, l’identification des lettres, le codage de l’emplacement des lettres.
En 1999, les chercheurs Lewis et Frick ont prouvé que les adultes dyslexiques rencontraient des difficultés dans la perception des éléments visuels surtout de manière horizontale, ce que l’on appelle, « la cécité aux lignes ». Mais, il y a aussi une difficulté de groupement chez les enfants, ces déficiences varient en fonction des individus dyslexiques.
En effet, la police Comic Sans MS revient également souvent dans les recommandations pour les élèves dyslexiques. Même si cette police rend le déchiffrage plus aisé pour certains Dys, elle induit une impression de désalignement et défavorise les individus ayant une cécité aux lignes (touche certains Dys).
Il paraît alors compliqué de se baser sur de simples recommandations. La solution est d’effectuer un test de chaque police et d’en vérifier l’impact afin de trouver les polices qui conviennent le mieux à chacun.
Les sérifs et les empâtements
Les sérifs et les empâtements sont des synonymes qui désignent les extensions rajoutées à l’extrémité des lettres. On peut en retrouver sur des polices telles que « Baskerville, Book Antiqua, Garamond, Georgia, Palatino, et la plus utilisée comme Times New Roman ».
Pour les publications, les impressions d’ouvrages en version papier ou en version numérique, et les navigateurs de recherches sur Internet privilégient par défaut, sur :
- Impression papier, ce sera « Arial » qui primera le plus souvent
- Windows ce sera la typographie « Times new roman »
- Mac, ce sera la typographie « Times ».
Une police spécifique pour les dyslexiques ?
Plusieurs polices ont été imaginées et conçues pour faciliter la lecture des personnes dyslexiques. Comparées aux polices traditionnelles, les différences entre les lettres ont été accentuées et elles sont pensées pour éviter toute confusion entre les différents caractères.
La police Open-Dyslexic qui fait partie de la famille de police Bitstream Vera, fait partie de ces polices conçues spécifiquement pour les Dys.
Bien que le public dyslexique soit divisé sur son efficience, cette police Open-Dyslexic intègre un certain nombre de particularités ayant pour objectif de faciliter le déchiffrage et la différenciation des caractères.
Notamment, on notera, que certaines lettres sont plus hautes et présentent une base plus large ; les caractères habituellement vecteurs de confusions sont légèrement inclinés et plus aérés ; un plus grand espacement entre les lettres d’un mot est proposé ; une ponctuation plus volumineuse est utilisée…
Télécharger la police Open-Dyslexic : https://www.dafont.com/fr/open-dyslexic.font
Les études scientifiques sur la police Open-Dyslexic :
En 2016, Wery et Diliberto, ont montré́ que la police Open-Dyslexic n’avait pas d’effets sur des sujets dyslexiques anglophones.
LE GOAËC Alix a réalisé des études sur l’effet de l’utilisation de cette même police Open-Dyslexic sur la précision de lecture d’enfants dyslexiques français de 9 à 12 ans. Une fois de plus, la conclusion est la même, la police Open-Dyslexic ne produit pas mieux sur l’exactitude en lecture qu’une police commune comme la police Arial.
A ce jour, l’efficacité de la police Open-Dyslexic n’est donc pas prouvée scientifiquement.
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La police, est-elle l’unique facteur à prendre en compte ?
Si une police, en particulier, a du mal à faire ses preuves, il y a une multitude d’autres facteurs qui peuvent faciliter la lecture et les productions écrites des personnes dyslexiques.
Parmi elles, on peut prévoir la mise en place :
- D’interlignes plus confortables (augmenter à 1,5 voire 2)
- Augmenter la taille de la police (12 ou 14 voire 16)
- La non-justification du texte
- Des lignes courtes
- Une couleur de fond avec un contraste suffisant sans que cela soit trop marqué (couleur de fond clair et écriture foncée).
La police de caractère doit être propre à chacun, c’est à vous de tester les différentes polices, quitte à en télécharger plusieurs et expérimenter. Ce n’est que par la pratique que vous pourrez déterminer la ou les polices qui vous conviennent le mieux. Une fois que vous aurez trouvé la police que vous aurez le moins de mal à déchiffrer, n’hésitez pas à la définir par défaut sur votre logiciel de traitement de texte !
Petit conseil supplémentaire :
il s’agit de communiquer autour des choix de polices fait par la personne Dys. L’idée est de diffuser cette information pour que cette utilisation soit favorisée, voire notifiée dans le PAP ou le PPS (ou GEVAsco), acceptée et appliquée en classe, à la maison (DST), en stage, puis dans l’emploi…
Sources et études :
Lewis, J. P., & Frick, R. W. (1999). Row blindness in Gestalt grouping and developmental dyslexia. Neuropsychologia, 37(3), 385-393.
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Un commentaire
Très bonne idée de proposer le choix de la police dans le pap ou le gevasco!